vendredi, avril 14, 2006

6e partie: les Larson

Shannon avait des renseignements à nous faire parvenir en personne et Loki voulait retourner auprès de lui (il fallait bien que ça arrive un jour ou l’autre…). Nous avons donc arrangé un point de rendez-vous dans un motel de banlieue. Entre-temps, Loki nous a averti (ou plutôt avait prévenu Flash, dont le vrai nom était en fait Carol Zender) que son frère, Cecil, avait été libéré de prison. …Ok. Il semblerait que notre « chef vénéré » n’ait plus aucune bonne raison de nous faire la morale! J’ai eu envie de piquer Flash à ce sujet, juste pour le mettre en colère encore une fois, mais je me suis retenue. En fait, j’avais de moins en moins de temps pour les sarcasmes à son endroit : de toute façon, Blink y arrivait très bien toute seule… Loki m’a dit plus tard que ce type, Cecil Zender, était un vrai cinglé, adepte des balles dans la tête pour un rien, mais qu’on l’avait malgré tout mis à la tête de la branche la plus fanatique de l’armée de l’UCAS : la Anti-Elven Comity (AEC, si vous préférez). …Les humains sont vraiment cons…

Nous nous sommes rendus au point de rendez-vous et avons échangé des infos avec Shannon (n.b. : White Reaper, Kyle Valentine de son vrai nom, est effectivement apparenté à Shannon… il s’agit de son frère). En sortant, on a eu des ennuis : ça a commencé par un nuage de corneilles qui nous ont attaqué… on constate ensuite qu’ils ont été appelés par un chaman (qui s’avérait être le réceptionniste de l’hôtel, celui-là même qui nous a accueilli à l’entrée)… puis un homme en fer a quitté de sa cachette avec l’intention évidente de nous faire passer un mauvais quart d’heure (nous nous serions rendus à la tête du train, lors de notre première mission ensemble, nous l’aurions reconnu…). Déjà que nous étions en difficultés à cause des corneilles, nous n’avions pas l’intention de nous attarder quand Robocop est arrivé! Nous avons donc fui dans notre véhicule, laissant Loki et Shannon derrière nous (comme ils étaient encore à l’intérieur lorsque nous avons été attaqués, j’en déduis qu’ils ont réussi à quitter les lieux sans trop de mal).

Simple parenthèse : est-ce que je vous ai dit que Blink se méfiait à la fois de Shannon et de Tiphereth (pour des raisons différentes)? Elle me l’a avoué, elle se méfiait de Shannon parce qu’elle croyait qu’il s’agissait de White Reaper sous une autre identité… une sorte de dédoublement de la personnalité (ça me fait rire, quand j’y pense… je vois mal Shannon avec un cimeterre en main, prêt à trancher des gorges…). Et concernant Tiphereth… quand il est tombé face à face avec Kyle (qui ne l’a d’ailleurs pas attaqué), le petit a été voir Blink et lui a dit qu’il voudrait la peindre… la tête en moins, aux pieds du White Reaper. Depuis ce temps, Blink a une dent contre Tiphereth.

Parlant de Tiphereth, il a préféré dormir dans la cabane plutôt que dans la maison (oui, celle qui sert de dojo à Blink). Avant de partir pour la mission dont je vais vous parler, il a commencé à peindre sur les murs… Oui, des choses un peu macabres… Mais bon, tant que ça ne l’empêche pas de dormir, ce qui ne semble déjà pas être un gros problème pour lui…

Ensuite, que s’est-il passé? Nous avons eu une ou deux missions dont la plus marquante s’est déroulée dans un autre laboratoire… les Laboratoires Larson. Eh non, ce n’était pas pour nous rendre au dit point de rendez-vous, mais bien pour aller y chercher de l’information, encore une fois. Cette fois, nous n’aurions pas droit à des costumes et nul doute que nous nous ferions rapidement repérer. Nous devions donc nous préparer à quelques conflits armés… (Ce qu’il y avait de particulier, juste avant de partir, c’est que Kyle est venu nous rendre une petite visite. Si si! D’abord, il annonçait à Blink qu’il lui laissait une année à vivre, au terme de ce délai il y aurait un duel entre eux. Il disait qu’il faisait ça pour lui donner une chance de s’améliorer (décidément, il jugeait qu’elle était une cible trop facile…). Quand Blink lui a dit que nous devions partir en mission dans les Laboratoires Larson, il a eu l’air d’approuver, en disant qu’elle y trouverait sans doute quelque chose d’intéressant…)

Les détails de la mission sont un peu vagues, mais je me rappelle de l’essentiel, et il est vraiment important que quelqu’un s’en souvienne… D’abord, il y a eu des pièges conçus avec des fouets en monofilament (si vous ne savez pas de quoi il s’agit, imaginez un fil qui coupe tout au simple contact… vous le posez sur votre doigt et il vous le coupe net… ça peut même passer au travers des armures) : Flash (que j’appelais maintenant « Zender ») s’était d’ailleurs blessé sur ces horreurs, mais il a eu de la chance car il aurait très bien pu finir tranché en deux. Puis, il y a eu les gardes de la sécurité. Le nombre n’était pas dérangeant, bien qu’ils aient été plus nombreux que nous. Non, ce qui était sérieusement inquiétant, c’était qu’on avait beau les abattre, les laisser pour morts, qu’ils finissaient toujours par se relever, leurs plaies refermées! Ils se relevaient TOUJOURS! Non, il ne s’agissait pas de zombies : il s’agissait bien d’individus doués d’intelligence et capable de stratégie. Deux possibilités se proposaient : ou ils avaient quelques mages très puissants et rapides sur leurs sortilèges de guérison (nous n’en avons pourtant pas rencontré), ou ces hommes étaient dotés d’une capacité régénératrice à la vitesse démesurée! Incroyable ce que la science peut faire… et nous avons eu notre réponse dans le même bâtiment.

Plus profondément dans l’édifice, nous sommes arrivés dans un endroit faisant penser à une prison : il y avait des cellules de chaque côté du couloir, et des gens y étaient enfermés. On aurait dit des âmes errantes… Des individus comme vous et moi, mais ayant perdu toute foi en la vie, la liberté… Sous alimentés… Rachitiques… Quels supplices leur faisait-on endurer en ces lieux? Pourquoi sont-ils là? Nous avons ouvert une cellule (avec l’intention, bien sur, de tous les libérer!), mais à peine la porte a-t-elle été entrouverte que l’individu, un homme, s’est élancé sur un de nos camarades et a essayé de le mordre. J’ai eu le temps de voir ses canines, de longs crocs : c’était un vampire.

Si j’ai eu le temps de constater ce « petit » détail, je n’ai toutefois pas eu le temps de raisonner l’homme, ni empêcher mes coéquipiers de venir au secours de notre ami en détresse, à grands coups de fusil. Un vampire assoiffé et affaibli n’offre pas une bien grande résistance aux balles, et ça a été notre plus grande chance, mais mes compagnons comprendraient-ils qu’en fait ils n’ont pas abattu un monstre, mais un individu qui aurait bien pu être civilisé? J’ai vécu entourée de vampires pendant une année entière, sans avoir à me protéger avec des gousses d’ail et des crucifix (des mythes aussi faux qu’ils ont la peau dure…), et il n’y a pas eu une seule fois où Shannon ou une de ses domestiques ont essayé de m’attaquer, de me vider de mon sang ou je ne sais quoi encore qu’on voit dans les films d’horreur. Nous devons manger, les vampires le doivent également : c’est regrettable qu’ils doivent s’abreuver d’autres humanoïdes, mais c’est ainsi. Shannon, quant à lui, avait trouvé un moyen de se nourrir sans devoir s’abreuver à une gorge (la science peut faire des miracles…). Ça le rendait civilisé. Ça le rendait « humain ». Et quand je voyais ce qui avait été fait à ces individus, tous des vampires (que nous n’avons finalement pas libéré, par prudence : il n’y a rien de plus incontrôlable qu’un vampire assoiffé, alors imaginez une dizaine!), je me disais que les vrais monstres étaient en liberté et que les vrais « humains » étaient ceux qu’on avait enfermé dans des cages, comme des rats. Horrible… tout simplement horrible…

Je ne sais pas si les autres l’ont compris, mais nous venions de découvrir pourquoi les gardes se relevaient toujours, même criblés de balles. La régénération vampirique. Ces laboratoires avaient trouvé le moyen de donner à leurs soldats une régénération accélérée grâce à l’ADN des vampires, sans qu’ils souffrent de leurs inconvénients (l’extrême vulnérabilité au soleil, la nécessité de boire du sang, etc.). Ces chercheurs sont vraiment des monstres!

Nous avons continué à frayer notre chemin au milieu des ennemis, quand nous sommes tombés sur une autre cellule, isolée des autres. À l’intérieur se trouvait une jeune fille, tout au plus adolescente, qui nous suppliait de la sortir de là. Bon, pas de précaution, on lui demande de nous montrer ses dents. Un peu ahurie par notre requête, elle accepte quand même de nous les montrer … non… ce n’était pas un vampire… On l’a sorti de là. Elle ne nous a pas attaqué (ouf…). Elle nous a dit qu’elle s’appelait Hope et qu’on la maintenait prisonnière ici, sans pouvoir vraiment expliquer pourquoi. Nous commencions, pour notre part, à juger qu’il était temps de se retirer, quand elle nous a dit qu’on ne pouvait pas partir tout de suite, qu’il y avait autre chose à ramasser avant. Bon… Pourquoi pas? Nous avons poursuivi notre chemin et sommes arrivés dans une pièce, une autre salle de recherche, au milieu de laquelle se trouvait… une sphère noire. Une… bête sphère noire. Hope s’est précipitée dessus et a dit que nous pouvions maintenant partir. Nous avons donc plus ou moins rebroussés chemin.

Nous avons rencontré des difficultés… Juste deux, mais elles ont été impressionnantes. En passant dans une des grandes salles que nous avions déjà traversées, nous y avons découvert de la compagnie… des occupantes, deux femmes, toutes les deux semblant à peine sorties de l’adolescence. La première, celle qui semblait être la plus vieille des deux, a envoyé Flash valser contre un mur d’un simple geste de la main; l’autre avait les yeux rivés sur Blink et l’a appelé « Gabrielle »… Blink avait l’air secouée, mais nous ne pouvions pas rester immobiles plus longtemps à cause de l’autre femme qui semblait disposée à nous écraser comme des galettes! Nous avons donc commencé à tirer sur elles (Blink, pour une raison que j’ignorais, y mettait beaucoup moins de cœur, elle a même demandé à ce que nous arrêtions, que nous fuyons), puis nous avons rapidement quitté les lieux quand on a constaté qu’elles avaient les mêmes capacités de régénération que les gardes. Vraiment trop dangereux de rester.

Hope ne nous a pas donné beaucoup d’explication concernant ce que nous avions vus ou même concernant la sphère noire : elle savait que la sphère était importante pour les gens du laboratoire et qu’ils n’apprécieraient sans doute pas qu’elle disparaisse. Hope n’avait pas l’air d’avoir de famille ou même d’amis, et c’est peut-être pour ça qu’elle s’est attachée à nous… Enfin, un membre de plus dans l’équipe, ça ne ferait pas de tort…

Quand nous avons parlé à Shannon de notre mission et que nous avons prononcés les mots « sphère noire », on a eu le droit au spectacle d’un Shannon bondissant d’excitation! Un spectacle plutôt rare… Moi qui avais regardé la sphère sous toutes les coutures, tant physiquement qu’astralement, je n’avais pourtant rien trouvé de particulier à cet item… et Shannon s’emballait pour cette chose? Il nous a dit qu’il était dangereux pour nous de la garder en notre possession et qu’il valait mieux que nous la lui laissons, en échange de quoi il nous donnerait un grand stock de potions de guérison (elles sont très TRÈS efficaces). Une nouvelle fois nous avons arrangé un rendez-vous et nous avons procédé à l’échange. Il nous a assuré que la sphère serait plus en sécurité en Allemagne qu’entre nos mains et il est parti. … Et c’est la dernière fois que j’ai vu Shannon.

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