vendredi, avril 14, 2006

10e partie: magie, propagande... et Rock'N'Bellion

Le décor autour de vous se brouille et vous apparaissez à nouveau dans cet endroit vide où un canapé ainsi que deux verres (à nouveau pleins) vous attendent. Ce retour au néant a quelque chose de déprimant, après les aventures que vous venez de vivre… Quand vous en faites part à Karen, elle vous répond d’un simple hochement de la tête, l’air sérieux :

Je n’ai pas eu de visite depuis très longtemps… En fait, vous êtes la première personne à m’avoir atteint dans mon sommeil, mais il y a longtemps que je me suis habituée à cette solitude… Une éternité, il me semble parfois…

Elle reste un instant l’air vague, puis soupire :

Ça ne sert à rien de se lamenter là-dessus ou de m’apitoyer sur des éléments hors de mon contrôle : je ne peux que continuer à raconter… Alors, où en étais-je ? Ah oui, les surprises… J’ai vraiment appris à les détester : elles sont rarement annonciatrices de bonnes nouvelles…

Tout a commencé avec une note laissée bien en évidence sur la table de la cuisine. Une note de Tiphereth… Son message était bref : il avait décidé de quitter les lieux, parce qu’il redoutait que sa seule présence mette nos vies en danger (nouvelle référence à l’esprit qui le poursuit…). Il nous laissait le bouclier que nous avions trouvé dans le manoir : il garderait l’épée pour sa protection (si je n’ai pas mentionné ces détails plus tôt, c’est que je ne les jugeais pas pertinent à la compréhension de l’histoire). La note finale sur laquelle il a achevé son mémo nous a laissé quelque peu perplexes et était adressée à l’attention de Lunatics : « Ne vous inquiétez pas, Lunatics : un jour quelqu’un reconnaîtra vos qualités à leurs juste valeurs. » Nous avons un peu questionné Lunatics à ce sujet, mais il est resté muet comme une carpe. Plus tard, la note a disparu et le sujet a rapidement été oublié.

Après le souper, nous avions convenu de discuter sur la mission que nous venions de faire, notamment sur la partie où Carol était seul avec son frère… mais Blink avait décidé d’aller à la cabane, celle qui lui avait servi de dojo (et que Tiphereth avait accaparé depuis son arrivé chez nous). Ça n’a pas pris 5 minutes qu’elle est revenue, hurlant que la cabane avait disparu. Comment ça, disparue ?! Une cabane, ça ne PEUT PAS disparaître comme ça ! Carol s’est rendu sur les lieux, et je l’ai suivi. … Bon… C’était vrai… Il n’y avait plus de cabane. Il n’y avait pas de trou, pas de décombre, pas de trace : rien. Carol a tendu la main, comme pour tâter le vide… et a reçu une décharge électrique ! Pas quelque chose de très puissant, heureusement, mais suffisamment fort pour le faire reculer et le dissuader de recommencer. Il n’y avait, selon moi, qu’une seule explication possible à ce phénomène, et j’ai donc basculé en vision astrale pour m’en assurer… vision que je n’ai pas maintenu longtemps d’ailleurs, tant j’ai été aveuglée par la puissance magique rassemblée à cet endroit… mais j’ai quand même eu le temps de voir quelque chose. La cabane était toujours là, impossible de le nier. Elle était invisible, c’est tout, sauf qu’une forte barrière magique empêchait à quiconque d’y pénétrer. Ce que c’était futé… mais quand est-ce que cette barrière avait été érigée ? Était-ce l’œuvre de Tiphereth ? Un enfant serait capable de créer quelque chose d’aussi puissant ? J’ai également tenté de toucher à la barrière, et le résultat n’a pas été différent : un éclair a frappé ma main et m’a passablement assommé… Nous avons retourné, Carol et moi, au repère, chancelants, cherchant appui sur l’autre pour ne pas trébucher. Un vrai couple d’ivrognes…

J’ai donc avisé les autres membres du groupe de mon constat : la cabane invisible, la barrière magique. Blink m’a dit que, peu avant que nous ne partions en mission en direction de l’AEC, elle avait été voir Tiphereth à la cabane et qu’elle l’avait vu peindre des scènes sur les murs internes. Bien qu’elle n’ait pas pu voir à quoi elles faisaient référence, elle disait que ces scènes lui avaient donné froid dans le dos. Il y avait quelque chose de macabre dans le choix des formes et des couleurs… Alors… Il devenait très probable que Tiphereth ait peint sur les murs dans le but de créer une barrière de protection : l’art est d’ailleurs une manière très courante, chez les chamans, de créer des phénomènes magiques, alors il n’y avait rien d’étonnant à ce que les peintures de Tiphereth aient eu les mêmes résultats. Mais maintenant qu’il était parti, la protection de Tiphereth n’était plus de notre ressort. Et quelque chose me disait qu’il était suffisamment débrouillard pour s’en sortir sans nous.

Nous avons eu l’occasion de revenir sur la mission à l’AEC. Carol n’était pas très fier d’annoncer que Cecil Zender était non seulement encore en vie, mais qu’il lui avait échappé. Il ne nous en a pas dit davantage, mais quelque chose me disait qu’il s’était faite offrir, par son « frérot », une place de choix au sein de sa troupe de « fine cuisine à base d’elfes »… Visiblement, Carol a refusé… S’en était suivi une fusillade entre les deux frères, qui trouvaient couverts derrière les piliers entourant l’ascenseur… et l’un d’eux dissimulait un accès, par lequel Cecil Zender avait pu fuir en direction du sous-marin. L’accès s’est détruit derrière le chef de l’AEC, empêchant Carol de le suivre. …C’est comme ça que cette ordure a pu lui échapper.

Les nouvelles à la télévision n’étaient pas meilleures. La base était complètement rasée (nous n’avions rien à voir là-dedans !) et nos portraits ont été montrées au grand public. On nous accusait d’être un groupe de terroristes extrémistes, ce qui ne jouait pas du tout à notre avantage… Mais, le pire, c’était cette intervention d’un certain Christopher Kheas, un des chefs militaires de l’UCAS : selon ses sources, JE serais le chef de l’armée magique de Tir Tairngir. Ridicule !!! D’où avait-il pêché une information pareille ? Mais à force de réfléchir, j’ai compris qu’il faisait de la propagande pour soulever l’opinion publique contre la nation elfe, les convaincre que la guerre devenait une chose nécessaire, qu’il fallait se protéger contre Tir Tairngir, qui grandissait en menace. Pourquoi haïssait-il les elfes à ce point ? Pourquoi souhaitait-il tant provoquer cette guerre, tout en sachant que les millions de vies allaient être sacrifiées dans le procédé ? Était-ce une forme de vengeance ? Y avait-il autre chose ? Je doutais d’avoir un jour des réponses à ces questions, mais l’ardeur que certains pouvaient déployer juste pour éradiquer son voisin me coupait le souffle. Il y avait longtemps, semblait-il, que j’avais oublié la saveur d’une haine aussi dévorante…

…Je ne me souviens plus à quel moment c’est arrivé, mais je me rappelle que nous avions reçu des nouvelles de Whisper (l’ancien chef d’équipe de Blink, celui qui aurait engagé Lunatics…)… de mauvaises nouvelles. Sa mort était imminente et personne n’arrivait à le guérir. C’est que… pour une raison que même Blink ignorait, les blessures de Whisper refusaient de se refermer, et du pus en coulait en permanence. Il faiblissait de jour en jour, et c’était maintenant qu’on nous annonçait qu’il était à l’article de la mort… Nous nous sommes rendus là où il avait été traité depuis tout ce temps (une clinique de rue qui en était venue à redouter pour la vie de ses autres patients). Nous l’avons traîné jusqu’à notre véhicule dans le but de l’amener dans notre repère. Ses plaies étaient… Karen frissonne de dégoût. …je n’avais jamais rien vu de tel. Carol nous répétait sans cesse de ne pas toucher à ses blessures : je pense que, comme les médecins, il redoutait une contagion possible…

…Whisper est mort en chemin. Il y a eu un débat sur la manière de nous débarrasser du corps. Nous aurions pu tout simplement le laisser dans un endroit désert, mais Blink s’y opposait (elle voulait lui offrir un véritable enterrement, ou au moins éviter l’aspect qu’on jetait un chef qu’elle adorait aux poubelles…). D’autant plus qu’il y avait encore ce risque de contagion ! Qu’arriverait-il si un animal commençait à manger la dépouille et qu’il morde un autre animal ensuite? Ou un individu ? Ou bien si un randonneur trouvait le cadavre et y touchait ? Nous ne pouvions pas laisser cette situation aux mains du hazard, alors il nous a fallu trouver autre chose. Blink aurait voulu que nous l’enterrions… mais comment ? Et avec quoi ? Nous n’avions pas de pelle ou d’outil pour creuser la terre ! Visiblement, ça nous laissait avec une seule option: l’incinération. Nous devions brûler le corps de Whisper. Nous avons donc créé un bûcher avec autant de bois sec que nous le pouvions… et avons brûlé le corps, puis nous sommes partis. Depuis ce jour, Blink n’a plus été tout à fait la même : elle avait perdu une partie (sinon toute) son insouciance, de son innocence. J’avais l’impression qu’elle avait grandi trop vite, d’un seul coup ! Je l’ai laissé se réconforter elle-même, puisque ça semblait être son désir… mais aurais-je su dire les mots pour rendre sa peine… moins lourde ? J’en doute… I should know better than that…

Nous avons aussi eu de meilleures nouvelles (même si elles n’ont pas chassé la lourdeur nouvelle sur les épaules de Blink) : d’abord, la Grenouille de Milwaukee a envoyé à Carol les armes modifiées qu’il voulait (gracieuseté du Forgeron de Saskatoon)… Oui, je sais, ça fait du nouveau monde que je ne vous avais pas présenté plus tôt, mais ce sont des gens qui, tout en nous donnant un bon coup de pouce, sont restés à l’écart de nos aventures. Une nouvelle fois, je ne croyais pas pertinent de vous parler d’eux avant. Deux revolvers avec « Flash gun » inscrit sur le canon. Cet homme… était vraiment gaga de ses armes. Était-ce vraiment nécessaire de les astiquer dès la réception ? Enfin… Avec les nouveaux joujous de Carol est arrivé un nouveau stock d’armes et de munitions. Nous n’allions pas en manquer…

Il y a eu une seconde TRÈS bonne nouvelle pour Carol : la Rébellion considérait qu’il faisait entièrement parti des leurs, dorénavant. La preuve, c’était qu’avec cette information il avait reçu… la veste officielle de la Rébellion ! Sans manche, d’un bleu foncé, il arborait le symbole de la rébellion (deux paires d’ailes encerclées d’étoiles). C’était vraiment la fierté de Carol et ça se voyait dans ses yeux. Je pense qu’on ne pouvait pas lui faire plus beau cadeau, lui offrir plus belle récompense que celle-là… C’était son anniversaire, son Noël, il n’y avait pas de doute là-dessus.

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