vendredi, avril 14, 2006

5e partie: le labo... et White Reaper

Nous n’avons pas envoyé Tiphereth dans un orphelinat (comme je l’ai dit, Lunatics s’était mis en tête de protéger l’enfant, et une partie de moi considérait que je devais également respecter cette promesse, comme le reste du groupe d’ailleurs) : il a donc logé avec nous pendant tout ce temps… enfin, vous verrez…

Nous avons eu un premier ordre de mission quelques jours plus tard et nous l’avons accepté. L’esprit ne semblait pas nous avoir suivi (enfin, il ne s’est jamais manifesté, peut-être à cause du gigantesque cercle de protection se trouvant au sous-sol…) et l’enfant semblait être capable de se débrouiller par lui-même. Alors pourquoi pas, puisque le lieu de la mission ne se trouvait qu’à quelques heures d’ici? La mission était simple : il fallait infiltrer un laboratoire, ramasser le plus d’information possible (en réduisant au minimum le nombre de morts, cela s’entend), puis quitter les lieux. Rien de bien compliqué. Pour nous faciliter la tâche, nous avions deux uniformes à notre disposition : un de scientifique (un sarrau avec carte d’accès), et un costume de sécurité. Le groupe serait donc divisé en deux, deux personnes qui infiltreraient les lieux déguisés et les autres qui tâcheraient de se présenter avec toute la subtilité donc ils peuvent faire preuve… Loki a donc enfilé le costume de scientifique (avec son data-jack, ça faisait du sens) et moi, même si je ne suis pas particulièrement « carrée », j’ai pris celui de la sécurité.

L’entrée sur les lieux a été très facile, à peine si il y avait un contrôle aux véhicules. La sécurité y était vraiment déficiente (je crois que c’est parce qu’il s’agissait d’un laboratoire encore récent et que la sécurité n’était pas encore tout à fait en place)… On nous avait averti que le laboratoire cachait une organisation beaucoup plus grosse, qu’elle appartenait en fait au GIM KAT, mais il fallait avouer une chose : si la sécurité y était très mauvaise, on ne pouvait pas en dire de même pour la couverture! Avec la rivière qui coulait en plein milieu du bâtiment et le panneau informatique qui indiquait la batterie de tests (effectués à toutes les secondes) sur les composantes et la qualité de l’eau, on avait plutôt l’impression que le laboratoire se spécialisait dans l’analyse et le traitement des eaux.

On peut pas dire qu’il y ait eu de la fusillade et du sang qui ait coulé dans toutes les directions, mais il y a quand même eu quelques morts, à commencer par deux ou trois hommes qui ont culbuté à l’eau (il a fallu pirater le panneau d’analyse, qui avait détecté des « impuretés » et le signalait à grands coups d’alarme) et les deux autres qui ont eu le cou cassé (je détestais encore les humains à cette époque) devant les ordinateurs centraux. Enfin, ça nous a permis de recueillir quelques données, dont les suivantes :

- Le laboratoire appartient bien au GIM KAT, mais, bien sur, une couverture solide empêche les fouineurs de faire le lien entre ces deux organisations. Il semblerait que le laboratoire dans lequel nous nous trouvions reçoit de généreuses donations du GIM KAT, de l’UCAS, de Tir Tairngire et d’une entreprise appelée Larson Laboratories : l’UCAS et Tir investissent davantage que les deux autres, mais, étrangement, c’est le GIM KAT et Larson qui bénéficient le plus des recherches. Autrement dit, les deux pays donateurs se font fourrer royalement.

- Une possibilité nous était offerte d’investir les Laboratoires Larson, que nous n’avons malheureusement pas saisi. Une annonce était diffusée dans l’ordinateur de l’entreprise : on demandait quelques… comment dire… mercenaires ou personnes bien entraînées pour participer à une recherche scientifique. Une adresse nous était indiquée, avec la note que nous devions prendre un train pour s’y rendre. Comme je l’ai dit, nous avons ignoré cette piste, même si certains d’entre nous auraient voulu la pousser plus loin…

Nous avons quitté les lieux sans embrouille et aussi discrètement que nous étions arrivés, puis sommes retournés à la maison. Tiphereth était toujours là. Blink et Flash se sont disputés, une nouvelle fois : cette fois, Blink proposait que nous nous trouvions un second repère au cas où celui-ci serait découvert, mais Flash trouvait l’idée tout bonnement ridicule. Ces deux-là, je me suis toujours demandée comment ça se faisait qu’ils n’en venaient jamais aux coups…

En écoutant les nouvelles, un ou deux jours plus tard, nous avons appris que les lieux où nous avions enquêté avaient été détruits dans une explosion qui a rasé toute la bâtisse. Coincidence? Pas vraiment… La déduction la plus logique était que quelqu’un n’avait pas apprécié notre petite escapade et avait décidé de prendre les grandes mesures…

En fait, autre chose s’est produit quand nous sommes retournés au bercail… Une lettre attendait Blink (adressée à « Sephia » en fait, mais il semblerait que les deux soient la même personne). Signée « White Reaper »… Blink me l’a fait lire : c’était une lettre très ironique, qui narguait beaucoup notre camarade. Grosso modo, ça disait que son étrange déguisement (sans doute du à ses nouveaux camarades, de mauvaises influences) ne l’avait pas trompé et qu’il avait retrouvé sa trace. Elle m’a ensuite expliqué son histoire, m’a parlé de ses parents qui avaient été tués sous ses yeux et de sa main qui avait été tranchée net par cet homme (en remplacement, elle avait une main cybernétique qu’elle avait en dégoût). Cet homme savait donc où elle se trouvait, et voulait sa peau plus que jamais… Mais concernant cette histoire, nous n’étions pas au bout de nos peines…

… car l’assassin s’est pointé dans la même soirée, alors que Blink se trouvait dans la cabane de bois, qu’elle avait converti, comme elle le pouvait, en dojo. White Reaper l’a empoisonné. Je ne suis pas certaine de la manière dont il s’y est pris, mais je crois qu’il lui a lancé un dard empoisonné ou qu’il lui a donné un coup de lame humectée de poison… Toujours est-il que Loki et moi l’avons trouvé assise par terre, en pleine méditation. Pour l’aider à venir à bout du poison, Loki m’a dit qu’il fallait l’étendre, ce que nous avons commencé à faire. Ça a sorti Blink de sa transe qui, pour récompenser notre aide, a balancé un coup de poing qui s’est terminée sur la mâchoire de Loki! Ça a rendu Loki furieuse, qui a quitté la cabane en claquant la porte derrière elle. Quand j’ai demandé à Blink pourquoi elle avait fait ça, elle m’a répondu que c’était parce qu’elle se sentait « capable » de se guérir par elle-même, qu’elle n’avait pas besoin d’aide, juste de méditation. Bon. Ou le poison lui avait affecté l’esprit, ou elle avait raison (dans le cas où elle aurait tort, elle ne semblait de toute façon pas d’humeur à entendre un avis contraire au sien…). Je n’avais donc pas vraiment le choix : je suis sortie à mon tour, et me suis postée à côté de la porte, en cas d’urgence. La soirée était à peine fraîche, je pouvais donc me permettre de faire le guet pendant une heure ou deux…

Quand je disais « en cas d’urgence », c’était parce que, visiblement, l’urgence viendrait de L’INTÉRIEUR de la cabane : comment étais-je supposée deviner que le traqueur reviendrait? Car, oui, il est revenu… Il avançait à pas lents dans ma direction, ou devrais-je plutôt dire en direction de la cabane, son épée (sans doute le cimeterre le plus étrange que j’aie jamais vu) pendait à sa taille. La même nonchalance que si il se baladait dans un lieu public, comme si sa présence allait de soi… Il ne portait rien d’autre qu’une longue robe blanche toute simple, semblable à celle d’un prêtre. Mais quand j’ai vu son visage… j’ai arrêté de respirer. J’étais sous le choc.

La ressemblance était ahurissante : c’était le portrait tout craché de Shannon! Mis à part que Shannon montrait fièrement les cheveux poivre et sel, lui n’avait aucun poil grisonnant. Aucun. Ça aurait pu être le petit frère de Shannon. Ils étaient… identiques. Vous vous doutez bien que, en quelques secondes, une FOULE de questions m’ont traversé l’esprit, dont « est-ce que je peux lui faire confiance? » Shannon ne m’avait jamais parlé de lui : y a-t-il une bonne raison pour ça? Sont-ils en chicane? Se détestent-ils? Ne sachant pas quoi penser de lui, me souvenant qu’il était peut-être là pour finir le travail qu’il avait commencé moins d’une heure plus tôt, j’ai levé mon pistolet dans sa direction. Pour tout geste, il s’est contenté d’un sourire en coin et m’a dit :

« Tu sais bien que ces choses-là ne peuvent pas me blesser. »
Oui, je le savais. Et je me doutais aussi que ma magie ne serait pas à la hauteur face à un vampire au mieux de sa forme. Je n’avais pas particulièrement envie de terminer en rondelles (ou vidée de mon sang, au choix), mais je ne pouvais pas non plus abandonner Blink…

« Que voulez vous?, lui ai-je répondu.
- Oh, seulement voir comment elle va. »

Il a continué à avancer, et je me suis poussée de la porte, juste un peu, tendue comme une corde d’arc. Si il avait voulu me tuer, il l’aurait fait il y a longtemps. Si il aurait voulu LA tuer, il aurait agi en conséquence (j’aurais peut-être été un extra sur son tableau de chasse, ou il m’aurait envoyé valser plus loin d’un simple mouvement de poignet). Je devais donc, à défaut d’avoir confiance en lui, croire en ses paroles.

Il n’est pas entré dans la cabane. Il est resté sur le pas de la porte, à la regarder alors qu’elle luttait encore contre le poison. Je lui ai dit que nous avions voulu la soigner, mais qu’elle avait refusé notre aide, qu’elle avait décidé de s’en sortir par elle-même. Il m’a répondu qu’elle allait sûrement s’en sortir, que le poison n’était pas très dangereux. Il est parti en me lançant une toute petite recommandation : celle de bien surveiller nos enfants, parce que les bois sont rarement surs…

Il fallait que je parle à Shannon…

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